Quels salaires dans les centrales nucléaires en France ?

En France, le nucléaire est la troisième filière industrielle après l’agroalimentaire et l’automobile et le deuxième parc en activité du monde, après les Etats-Unis. Près de 70% des besoins en électricité du pays sont couverts par l'énergie nucléaire. Dévoilé en 2022 par le Gouvernement, le plan de relance du nucléaire prévoit la construction d’au moins six nouveaux réacteurs nouvelle génération (EPR2), ce qui place la filière face à un défi de taille : recruter entre 10 à 15 000 ingénieurs et techniciens par an d'ici 2030, soit a minima 80 000 personnes.  

Afin de présenter une cartographie exhaustive des enjeux du nucléaire ainsi que des rémunérations pratiquées dans ce secteur, nous avons réuni au sein de cette étude les salaires ainsi que les métiers phares de l'ingénierie et de l'exploitation dans le nucléaire. 

Nucléaire en France : un secteur avec de fortes tensions de recrutement

Le parc nucléaire français compte 56 centrales en service, réparties sur 19 sites, et la production d’électricité d’origine nucléaire est assurée à 80% par quatre grandes régions. Au quotidien, ce sont près de 23 000 personnes qui œuvrent au bon fonctionnement des centrales gérées par EDF. Le secteur du nucléaire se trouve aujourd'hui face à un tournant décisif de son histoire, entre nécessité de maintenir en parfait état son parc en exploitation et le besoin de répondre au plan de relance du nucléaire en construisant 6 nouveaux réacteurs EPR2*. Le coût de construction prévisionnel de ces six réacteurs EPR2 étant estimé à 67,4 milliards d'euros par EDF.

Pour faire face à ces nouveaux chantiers, les recrutements vont s'intensifier dans les mois à venir d'autant plus que l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire) préconise un plan de recrutement de 4 000 embauches d'Ingénieurs par an dans la filière du nucléaire.

Top 6 des profils les plus recherchés en nucléaire :

• Ingénieur en sûreté nucléaire
• Technicien de maintenance
• Chargé d'affaires (mécanique ou électrique en centrale)
• Ingénieur d’études nucléaire (en mécanique, génie civil, génie électrique, structure métallique, contrôle commande, automatisme, HVAC ou sûreté nucléaire)
• Chef/Pilote de projets (avec une sensibilité en mécanique, génie civil, génie électrique, structure métallique, contrôle commande, automatisme, HVAC ou sûreté nucléaire)
• Technicien et Ingénieur soudure 

Parc nucléaire français : la problématique de la sûreté et de la sécurité

Les centrales nucléaires françaises étant vieillissantes, deux tiers des réacteurs en exploitation ont plus de 30 ans et sont concernés par la question de l'allongement de la durée de vie (fixée initialement à 40 ans). C'est pourquoi le plan de grand carénage, mis en place depuis 2014, nécessite l'intervention de nombreux ingénieurs et techniciens experts pour effectuer des missions de rénovation et de remplacement de matériaux et machines qui s’inscrivent sur le long terme. 

Concernant l'entretien du parc en exploitation, les visites décennales ou arrêts de tranche (pour le maintien de la qualité, la lutte contre la corrosion et l'altération des matériaux du nucléaire, modernisation ou encore la révision des procédures des centrales et de leurs réacteurs), la population d'un site est multipliée entre 5 et 10.

A cela s'ajoute le lancement d'une étude pour construire 8 réacteurs supplémentaires d'ici 2050. Pour mener à bien les nouveaux chantiers de construction de centrales nucléaires, ce sont plus de 200 corps de métiers qui seront amenés à collaborer. Alors que les experts du nucléaire sont peu nombreux sur le marché du travail, 71% des Ingénieurs et 66% des Techniciens ont déclaré dans une récente étude être sollicités au moins une fois par mois par les recruteurs.

Enfin, l'apport d'une solution pour le traitement et le stockage des déchets nucléaires devient aussi un enjeu phare. En effet, les combustibles usés (tels que l'uranium, le plutonium ou autres minéraux dangereux), gravats, outillages ou encore les vêtements de protection ne peuvent être ni recyclés, ni réutilisés mais doivent être isolés ou enfouis suffisamment longtemps afin que le niveau de radioactivité ne représente plus de danger pour l’environnement et les êtres humains. La validation du projet Cigéo dans la commune de Bure permettra de renforcer la sécurité du traitement et du stockage de ces déchets.

Parité dans le nucléaire : où en sommes-nous ?

30% c’est le nombre de femmes présentes dans l’industrie et c’est aussi le pourcentage de femmes recensées dans les écoles d’Ingénieurs. Ce chiffre tombe à 24% dans la filière nucléaire. Une récente étude démontre également que seulement 43% des jeunes se disent intéressés par l’industrie, 16% par le nucléaire et que parmi ce faible échantillon seules 10% de femmes répondent à l’appel ! Le constat est donc irrévocable, le vivier de talents féminins est infinitésimal.

*L'EPR2 est un réacteur à eau pressurisée de génération III+ doté d'une puissance de l'ordre de 1 660 MWe (vs 1450 MWe de puissance maximale pour les versions précédentes) qui permettra un meilleur rendement de la production électrique en rationalisant la consommation de combustibles (en gaz, uranium, etc.) avec une durée de vie prévue de 60 ans (contrairement aux 40 ans pour les premières centrales françaises). Pour cela, le Gouverment compte injecter 1 milliard d'euros d'ici 2030 dans l’énergie nucléaire pour développer ce type de réacteur. 

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